LOU FÈRRI [Uccle] – Un 4 mains, main dans la main!

Avenue du Prince de Ligne, 14 à 1180 Uccle – Tél. : +32 (0)2 425 81 86
Ouvert les Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi et Dimanche midi – Fermé Dimanche soir, Lundi et Mardi

Aux fourneaux : Karin Burton

Ce soir, au Lou Fèrri à Uccle, se tient un 4 mains d’exception.

Karin Burton maîtresse des lieux, ambassadrice de la cuisine du Sud, de la mise en avant des produits de Provence et Camargue invitait en cuisine Alain Bianchin, le cueilleur d’étoiles, qui offre une cuisine juste, précise, inventive dans son restaurant éponyme à Jezus Eik.

Pour compléter ce casting, Karin a invité Jérôme Castillon, du château l’Ermitage en Costière de Nîmes, un ami de longue date, qui a eu la responsabilité de choisir les vins pour ce repas. En salle, on retrouve Claude Detaeye et des employés d’Alain.

Apéro, Vins et autres glou glou.

Pour accompagner tout ça, un vin rosé, en Grenache Syrah Mourvèdre (50/25/25), le Auzan Rosé du Château l’Ermitage. Il faut du caractère pour pouvoir tenir le choc face à quatre mises en bouche aussi puissantes et aussi variées. Et il en a. Et c’est tant mieux.

Un 4 mains, on l’a déjà évoqué, ce n’est jamais un exercice facile. Chacun a sa cuisine, ses habitudes, et même s’ils répètent leurs voeux en se préparant, cette union d’un soir peut soit échouer soit réussir. Les univers des deux chefs étant différents, la première tâche était de proposer un menu cohérent. La lecture du menu ne laisse aucun doute. Un premier pas en terres brabançonnes et puis cap au Sud direct.

Première dégustation, la revisite de la tartine au fromage blanc, avec un Fromage blanc de Beersel, granité de radis, crumble de pain, et huile de ciboulette nous est proposée par Alain. C’est la chevauchée des Walkyries de Wagner, c’est Apocalypse Now, ça explose en bouche, c’est puissant, c’est grandiose.

Après ça, une petite Sarabande de Haendel, les autres mises en bouche défilent, le Melon et sa poudre de lonzu (charcuterie corse), avec quelques morceaux de truffe d’été et puis ce délicieux filet de Sardine préparée et salée maison par Karin. Les mises en bouche se terminent par la Royale de foie gras, avec une surette de pommes (un condiment acidulé québecois), une Emulsion de Parmesan et un Chips de Tapioca et Peau de Poulet.

Rachmaninov maintenant, la rhapsodie sur un thème de Paganini en la mineur opus 43. Elle représente bien la suite du menu, la Provence, la Camargue, les produits de là bas reviennent à chaque assiette, déclinés de différentes manières à l’image de cette rhapsodie. Parfois calme, parfois tonitruante, parfois douce, parfois en parfaite envolée, les plats se succèdent. Pas d’énumération, le menu vous les donne. Des coups de coeur, assurément. Le filet de Rascasse Chèvre en Bouillabaisse, écrasé de Pommes de Terre à la Truffe, proposé par Karin, l’Aubergine confite au Saté, rosace de Taureau de Camargue proposée par Alain.

Le Pigeonneau rôti termine la partie salée en apothéose. Un pigeonneau du Sud, ça a beaucoup plus de caractère que son collègue d’Anjou, Peuchère ! Et avec une cuisson parfaitement maîtrisée, ça nous donne les ailes qu’il n’a plus.

Karin nous apporte son dessert, un Abricot au Romarin et Huile d’Olive sur une gelée de Cédrat confit. Une association parfaite, on mord dans les vergers du Sud à pleines dents. Le dessert d’Alain nous plaît un peu moins, un peu trop de goûts associés pour notre part.

Que retenir de ce 4 mains? Karin est dans son élément, c’est sa cuisine, et on y prend plaisir. Alain a revisité certains de ses plats signatures avec des produits du Sud. Si on sent la recherche indéniable de sa part pour transformer ses assiettes, ces produits sont tous assez marqués en goût, et personnellement, certaines assiettes étaient un peu trop fortes en goûts différents. Ce qui rendait l’exercice de sélection des vins de Jérôme périlleux, car il lui avait fallu choisir les vins sans goûter les assiettes.

La disponibilité des chefs et de Jérôme pour passer en salle et nous expliquer leurs assiettes, leurs choix de produits, leurs vins a grandement contribué à la convivialité de ce 4 mains.

Ce fut une soirée très agréable, avec quelques fous rires, mais ça devient une habitude à notre table.

Pour la rhapsodie de Rachmaninov, je conseille personnellement la version avec Lang Lang au piano que j’ai eu l’occasion d’écouter à la Philharmonie du Luxembourg si mes souvenirs sont bons.